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Bonsoir, chers frères Pontyns Je souhaiterais vous inviter à lire l'interview d'un philosophe Americain, Michael J. Sandel, professeur à Harward et auteur de l'ouvrage La tyrannie du mérite , paru tout récemment, en 2021.L'interview se trouve page 20, dans le journal Libération du 23 Mars L' article m'ayant marqué, j'ai voulu en faire profiter notre communauté J'espère que sa lecture va susciter une vigoureuse discussion au sein du groupe ,une discussion fraternelle.
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Mamadou Diabaté
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Bonsoir la famille ! Bonsoir frère Omar ! Je n'ai pas pu ouvrir le fichier ; c'est pourquoi, je me suis rabattu sur Google pour avoir quelques bribes de l'entretien. Ma lecture est, par conséquent, incomplète. Cela dit, j'estime d'abord que le choix du vocable " tyrannie " en dit long sur la remise en cause d'un cliché ou d'un certain ordre établi pour lutter contre les inégalités sociales. Une invite à un changement de paradigme pour assurer la mobilité sociale par le biais du travail, quelle que soit notre place dans la stratification sociale. Sous ce rapport, cette réflexion de M. J. Sandel pourrait être mise en parallèle ( toutes proportions gardées ) avec celle de Bourdieu et Passeron lorsqu'ils affirment qu' " en donnant des chances égales à des groupes sociaux inégaux, on ne fait que renforcer les inégalités sociales ". (Les Héritiers ). La méritocratie, symbolisée par l'accès démocratique pour tous à l'institution scolaire ne fait donc que renforcer cette inégalité d'autant plus que les meilleures structures éducatives sont généralement réservées aux élites du fait de leurs puissances financières.Je m'en tiens, pour le moment, à ces considérations compte tenu de mon niveau d'appropriation de l'entretien. Toutefois, j'ai du mal à comprendre le choix de l'auteur quant à l'utilisation du "tirage au sort " comme alternative à la méritocratie pour accéder à l'université. En effet, cette proposition assez caricaturale va, me semble-t-il, au-delà des thèses les plus populistes.Fraternellement !
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Méritocratie ou Médiocratie ?
L’égalité est un idéal absolu auquel toute société humaine aspire ou doit aspirer. Mais il n'est pas dans l'ordre naturel de la vie. Il est ainsi donc impossible entre des êtres tous différents les uns des autres. Il va de soi que deux personnes ayant des capacités physiques ou des aptitudes intellectuelles différentes, ne peuvent qu'avoir des qualifications différentes, servir différemment la société et en être différemment rétribués. Sous ce rapport, la société doit être organisée de sorte que chaque individu puisse se faire valoir au mieux de ses possibilités.Cela n'a malheureusement pas toujours été le cas, dans l'histoire de toutes les sociétés, surtout dans celles féodales et monarchiques où la réussite et les privilèges n'étaient pas déterminés par la valeur de l'être, mais par sa naissance.Fruit de l'esprit des Lumières et de la Révolution française, la promotion par le mérite, expression que je préfère à «Méritocratie », est venue corriger cette distorsion, par un nouvel ordre qui valorise les individus, non pas sur la base de leur origine sociale, leur héritage ou leurs relations, mais en fonction de leurs aptitudes, travail, efforts, compétences, intelligence, vertus, etc. Ainsi donc, la «Méritocratie » est, par essence, une affirmation de l'égalité de droit, entre des citoyens différents mais qui ont tous leur place dans la société, suivant les qualités humaines, qualifications et efforts de chacun. Il est vrai, qu'avec le capitalisme sauvage et le libéralisme à outrance, les inégalités se sont gravement creusées, dans les sociétés occidentales et pire ailleurs, faisant le lit de fréquentes révoltes et jacqueries urbaines, comme on en a vécues ces derniers jours au Sénégal. La réussite scolaire, universitaire et sociale est de plus en plus à l'avantage des jeunes gens issus des classes supérieures, comme du temps des féodalités. Mais, une solution serait-elle de jeter aux orties la promotion par le mérite ? Pour quelle solution alternative ? Je n'ai pas encore eu le plaisir de lire «La tyrannie du mérite », le livre de Michael J. Sanders. Mais je m'en tiens à son interview publiée dans le quotidien français Libération du 23 mars 2021, que l'ami Gonze nous a proposé comme thème de réflexion, pour dire qu'il ne débouche guère notre horizon, à la lumière de sa conclusion on ne peut plus alambiquée : « Je propose comme alternative au système actuel de sélection universitaire d'établir un tirage au sort des qualifiés en fixant un seuil de qualification et en laissant le hasard décider du reste [...] C'est le hasard qui nous a fourni certains talents, c'est le hasard qui décidera s'ils seront valorisés et récompensés par la société ». Rien que çà : le hasard pour départager et promouvoir les individus, à l'université et donc en toute situation ! Ce n'est certainement pas le cas, mais en préférant le tirage au sort à la promotion par le mérite individuel, Michael J. Sanders me semble prendre fait et cause pour cette «morale du faible» que réprouvait Nietzsche. Comme les faibles sont incapables d’être forts ils essaient de rabaisser les autres, énoncait-il en substance. Les thèses contre la promotion académique et sociale par le mérite me semblent en faveur d'un nivellement hasardeusement égalitaire par le bas, de la «Médiocratie» en somme.Non, un Etat responsable ne saurait jouer à la roulette russe la construction et l'existence d'un citoyen, à tout le moins risquer de promouvoir la médiocrité au nom d'un égalitarisme démagogique et irresponsable. Il a l’obligation non pas de l'impossible – mettre fin à toutes les inégalités – mais d'enlever au maximum les obstacle à la mobilité sociale, par des politiques incitatives fortes, voire la discrimination positive, pour faire émerger les compétences et les talents d'où qu'ils puissent germer, en les stimulant par un saine compétition.
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Mamadou Diabaté
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Bonsoir frère Omar ! Le débat est vraiment intéressant. À mon avis, le mérite de M. J. Sandel dans la lutte contre les inégalités sociales c'est d'être sorti des sentiers battus en secouant le cocotier. Ceci est la marque des grands hommes voire des grands esprits. Toutefois, la solution qu'il propose me semble non seulement irréaliste mais elle risque, à terme, de refroidir toute ambition chez les jeunes en favorisant le développement d'une culture du moindre effort, du tâtonnement ou du hasard.À ce propos d'ailleurs, j'ai bien apprécié la contribution du frère BUUR FALL qui nous a proposé une analyse très exhaustive de la question.Il est vrai, cher frère, que la méritocratie a ses limites. Il faudra, par conséquent, poursuivre la réflexion pour atténuer ses effets néfastes de manière significative et durable mais pas à n'importe quel prix.Personnellement, j'estime, qu'au-delà de la méritocratie, toute société a besoin d'une élite intellectuelle susceptible de la propulser dans les hautes sphères du savoir.Fraternellement ! Bonne soirée à toute la famille !
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Daouda Guèye
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Bravo Buur ! Je partage entièrement ton analyse. A mon avis, la problèmatique posée ici ne trouvera pas une solution par la philosophie, mais plutôt par la pédagogie. Un changement osé et profond du système éducatif (du moins, en ce qui concerne notre pays) pourrait, en grande partie, résoudre la problématique de l'éclosion des talents et de tous les talents, au profit de la communauté. Pour nous en convaincre, référons nous tout simplement aux bienfaits qu'apporterait aux enseignements/apprentissages la pratique systématique de la démarche pédagogique dite l'approche par les compétences qui tarde à être appliquée à tous les niveaux des cycles que connaît notre système éducatif. Pire, beaucoup d'enseignants même en sont sevrés. Ma conviction est qu'une fois installée chez un citoyen, aucune compétence ne devrait être mise en rade, parce que forcément utile au développement de la communauté. Dés lors, la notion de "méritocratie" disparaît. Déjà, en Mai 2011, après avoir participé, durant 3 semaines, au séminaire des chefs d'établissements des écoles des pays africains francophones tenu en Chine, nous n'avions pas manquer d'écrire dans notre rapport destiné au MEN ce qui suit :"Les théories qui sous tendent la réforme du système éducatif chinois ressemblent en beaucoup de points à celles élaborées par nos pédagoques sénégalais : Approche par les compétences ; Lier l'école à la vie ; Importance des activités extra-muros ; Réduction de la fracture numérique ; Réduction du déséquilibre ville/campagne etc.... Seulement, dans notre pays, la plupart de nos théories tardent à être mises à l'épreuve de la pratique."Merci Gonz, d'avoir introduit cette problématique qui, du reste, régente, en partie, nos comportements au sein de la société comme l'a rappelé Buur.
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Merci ,jeune frere Mamadou pour cette réaction En effet l 'auteur propose ,comme tu l'as si bien perçu, un changement de paradigme ,changement nécessaire pour réduire drastiquement les inégalités La méritocratie repose sur un paradigme qui a finalement accouché d'un monstre : le darwinisme social qui soutient que le pauvre ne devrait s'en prendre qu'à lui - même car il serait le seul responsable de son état Un essai qui nous oblige à réfléchir !
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Cher frère MamadouTu as souligné le fait que le philosophe Americain souhaiterait instaurer le tri par tirage au sort et tu sembles t'en inquiéterPourtant le tirage au sort est une pratique connue depuis l'Antiquité , pratique utilisée pour un souci d' équité à l'intérieur de la société .On choisissait les magistrats, les victimes à sacrifier, par tirage au sort Cette pratique est encore utilisée de nos jours, ne serait-ce que pour choisir les jurés qui doivent siéger aux Assises .En sport, les tirages au sort sont attendus avec impatience et appréhension : dans quelle poule sera mon équipe ?En Politique, certains pensent que c'est un moyen pour réduire les inégalités, pour contrecarrer la reproduction de castes de privilégiés Michael J Sandel soutient que les gagnants ont profité de deux hasards : leur talent naturel et le choix fait par la Société de valoriser ce talent Comme les gagnants ne sont ni responsables de leur aptitude, ni du choix de leur société, autant les perdants ne le sont pas parce que leur aptitude n'est pas valorisée par la société. Alors ce serait justice de ne pas continuer de privilégier les gagnants d'une part, et d'autre part d'améliorer significativement les revenus des perdants C'est pourquoi, le philosophe Americain souhaiterait instaurer un tirage au sort pour l'accès aux études supérieures , hasard qui va, à la longue, enrayer la reproduction des castes des toujours gagnants ..Ainsi être né dans une famille privilégiée ne garantira nullement de faire partie de la future élite .Un mauvais hasard , et l'on se retrouve dans le camp des perdants Ce tirage au sort contribuera fortement , pense l'auteur, à dégonfler l'orgueil de ceux qui ont réussi, à diminuer leur mépris pour les petites mainsComme c'est le hasard qui fournit certains talents , c'est le hasard qui décidera si ces talents seront valorisés et récompensés par la société. Pour améliorer la mobilité sociale, on a essayé les quotas, pourquoi ne pas essayer le tirage au sort ? Une possibilité à ne pas rejeter d'un revers de la main , car parmi toutes les solutions, elle est la plus équitable.
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Un paradigme a la peau dure. Que c'est difficile de convaincre de la nécessité de changer de paradigme. Car un paradigme a une telle cohérence interne qu'il s'impose comme le seul capable d'expliquer le réel ,en véhiculant et en legitimant certaines constats A peine a-t-on admis la puissance narrative d'un paradigme, soutient l'essayiste americain Jeremy Rifkin dans son dernier ouvrage La nouvelle société du coût marginal zero , qu'il est difficile, voire impossible, de remettre en cause ses postulats centraux, tant ils paraissent refléter l'ordre naturel des choses.Mais, continue -t-il , quand les incohérences et les anomalies atteindront le point de bascule, le paradigme existant sera taillé en pièces et remplacé par un autre avec un nouveau récit exhaustif .Donc un paradigme est mortel. Empruntons un exemple à l'histoire des l'Astronomie pour illustrer notre propos .Le système de Ptolemée , reposant sur le géocentrisme, sur la fixité de la Terre , avait ses évidences comme le Soleil se lève, se couche. Ce système sera remplacé par celui de Copernic, basé sur la fixité du Soleil, qui explique toutes les anomalies constatées avec l'ancien paradigme, notamment la trajectoire de la planète Mars Un nouveau paradigme est toujours accompagné d'idées tellement novatrices qu'elles défient l'ancien bon sens , idees difficilement acceptables au début .Que les paradigmes sont mortels, nous pouvons en donner encore un autre exemple, cette fois-ci, issu de l'histoire politiqueA l'Ancien Regime fondé sur la naissance et la vénalité des charges, avec ses évidences immortalisées par des adages tels que beau sang ne saurait mentir, a succédé la République avec comme corollaire l'avènement de la méritocratie. C'est ce dernier paradigme qui est aujourd'hui sur la sellette. Car la méritocratie, ou plutôt ,en parlant comme Bour Fall, la promotion par le mérite, après avoir donné des fruits prometteurs (renouvellement et élargissement de la classe des nantis), a commencé à montrer ses mauvais côtés ( la reproduction d'une caste de nantis)Ainsi la meritocratie est en train de recréer un monde où l'expression bien né reprend du service, une évolution aux antipodes de la Revolution qui l'a instaurée.Tous les intervenants ont souhaité voir les inégalités se réduire, pour David par les apprentissages (approche par les compétences, l'école du succès), pour Bour par une saine compétition et une politique de discrimination positive, et pour Mamadou par tout sauf le tirage au sort .Pour la discrimination positive, les exemples que nous connaissons (Usa, Afrique du Sud, France) n'ont pas été probants A propos de l'education et de la compétition, nous laissons le sociologue français Bourdieu cité par mon jeune frère Mamadou repondre qu' en donnant des chances égales à des groupes sociaux inégaux, on ne fait que renforcer les inégalités. Pourquoi le tirage au sort comme possibilité n'est pas aussi farfelu qu'on le croirait à première vue ?D'abord c'est un mode de choix généralement bien accepté. La preuve : qui a jamais refusé le résultat d'un tirage au sort ?Ensuite, c'est un mode équitable : l' urne est opaque et les boules indiscernables au toucher. Enfin, ce mode de tri social ne reflète pas les divisions de la société, contrairement aux autres moyens de sélection Irons nous vers une société de mediocres ? Non , car les recalés par le sort pourront emprunter d'autres voies et se découvrir une autre vocation. Donc un enrichissement pour toute la société Les élus par le sort rempliront leur mission au grand bonheur de tous En revanche, le regard sur les petites mains des élus va changer ; des questions sur l'utilité sociale seront à l'ordre du jour et trouveront certainement de bonnes solutions car l'élu d'aujourd'hui va penser au sort futur de son fils .Les enfants iront toujours à l'école , le palmarès sera toujours là et l'excellence avec, le tirage au sort empêchera la reproduction des castes et permettra d'obtenir des revenus plus que décents aux recalés A mon avis, on peut faire mieux, de façon radicale.En tournant, définitivement, le dos au capitalisme. Mais là, c'est une autre histoire !Oumar Diop Gonz p70
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Fara Sambe
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Merci aux PPT pour la clairvoyance démontrée ici par Gonz, David, Buur....
Je voudrais juste ajouter que ce n'est pas "convaincre de la nécessité de changer de paradigme" qui est difficile, c'est "changer le paradigme" qui l'est encore plus. Tout le monde en Afrique est convaincu de la nécessité de changer certains paradigmes.
En politique en général, il est clair pour tout le monde que ça ne marche pas et ne marchera jamais..Pourtant, ça perdure. Dans de telles conditions, le titrage au sort aboutirait au même résultat, en favorisant les tricheurs et leurs comparses. À mon humble avis, la solution est dans un concept aujourd'hui galvaudé, "l'inclusivité"... Que je propose de remplacer par "universalité". La chance venant de la révolution numérique, à condition justement que l'on arrive à promouvoir un "accès universel"... On est pas sorti de l'auberge...
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Gonze, très cher ami, comme celles des frères Mamadou Diabaté, Daouda Guèye et Fara Sambe, tes interventions dans le débat que tu as provoqué, sont de haute facture et d'une finesse intellectuelle remarquable. Et tu as bien raison quand tu écris que : « Un paradigme a la peau dure. Que c'est difficile de convaincre de la nécessité de changer de paradigme.».
Mais est-ce vraiment changer positivement de paradigme que remplacer la promotion par les compétences par le tirage au sort ? Les exemples que tu donnes sont en eux-mêmes des réponses par la négative. En effet, la sélection par tirage au sort est une pratique très archaïque, sinon ancienne et qui perdure jusqu'à ce jour. Elle n'a jamais posé problème quand on y fait recours, pour choisir entre des personnes d'égal statut social ou politique, comme un magistrat parmi d'autres pairs dans l'antiquité, un juré parmi les citoyens d'un pays, voire de ranger des équipes qui se valent dans les poules d'une compétition sportive.En revanche, le tirage au sort est inique, quand on s'en sert pour départager des personnes aux capacités et compétences différentes, comme pour l'accès aux études supérieures, à un emploi qui requiert une qualification, ou à un poste de responsabilité. Ce serait la démagogie suprême, insensible à toute différence de connaissance, de compétence, d’expérience dans la conduite des affaires, économiques, sociales, politiques ou autres.Le hasard, contrairement à l'idée que tu sembles défendre avec le philosophe américain, ne pourrait en rien « enrayer la reproduction des castes des « toujours gagnants ». D'autant que, aveugle mais aussi manipulable, il peut bien faire porter des choix sur des personnes appartenant aux classes nanties ou privilégiées. Dans cette affaire, les « toujours perdants » d'hier et d'aujourd'hui ne seront pas nécessairement les seuls « désormais gagnants » de demain ! Ayant pour seul valeur l'impartialité, un tirage au sort primant sur la sélection par les compétences, ne ferait qu'aggraver les inégalités dont il était supposé contribuer à la réduction.Cela ne nous mènera assurément pas vers à une « société de médiocres ». Mais le risque est patent d'avoir plus d’incompétents que la normale aux avant-postes si le hasard et les passe-droits permettent d'y accéder encore plus, en étouffant arbitrairement des prétentions plus valables et légitimes.
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Oumar Diop Gonz p70
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*Pour apaiser les craintes de mon frère et ami Bour Fall sur le tirage au sort* Toutes les méthodes de tri en cours dans nos sociétés ( concours, examens de CV ,admission sur titres ..) supposent un premier élagage car seuls les titulaires de tel ou tel diplôme seront concernés par cette selection Or les enfants des classes aisées sont surreprésentés dans le groupe des diplômés A l'arrivée, on aboutit donc à une reproduction de castes Devrions -nous nous résigner à vivre éternellement dans une société où les dés sont joués dès la naissance ?Bien sûr que non. Alors, comment faire pour mettre en marche le moteur de la mobilité sociale ?Le philosophe Americain Michael J Sandel répond à cette question en nous invitant d'une part à renoncer aux méthodes habituelles de sélection , et d'autre part à adopter un procédé aussi vieux que le monde, *le tirage au sort*, comme moyen pour enrayer la mécanique de reproduction de l'ordre actuel .On peut dire que la *méritocratie* repose , entre autres, sur l'adage suivant : *chacun récolte ce qu'il a semé*Sandel démontre que les gagnants récoltent alors qu'ils n'ont rien semé : leur talent et sa valorisation ne dépendent en rien de leur volonté. C'est un double hasard qui a décidé de leur privilèges, alors pourquoi un autre hasard (le tirage au sort) ne déciderait -il pas de récompenser ou de ne pas récompenser leurs talents .Ce tirage au sort ne sera pas aussi aveugle qu'on voudrait le faire croire. On procédera d'abord, par élagage, avant de faire un tirage *orienté* au sort. Ainsi la compétence sera sauvegardée et l'incompétence généralisée qu'on craignait est écartée Dès qu'on fait partie des privilégiés, on subira ce genre de selection.La mobilité sociale, si elle est perçue comme effective par les perdants, sera un puissant facteur d'espoir et un gage de paix sociale.Mobilité que le tirage au sort *orienté* nous met à portée de main .Une fois cette machine enclenchée, les nouvelles élites seront obligées d'être plus soucieuses du sort des perdants et en feront démarrer sans délai le moteur de la réduction des inégalités au sein de la société . La solution de Michael J Sandel n'est pas aussi farfelue qu'on pourrait l'envisager de prime abord car ,mine de rien, elle assure à la fois le progrès (la competence), la mobilité sociale (non renouvellement de caste) et la disparition à terme des inégalités (disparition des castes).Autant dire qu'on détient presque le Saint Graal, avec ce *tirage au sort orienté* !Oumar Diop Gonz p70
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Cette théorie ne repose pas sur des bases solides.
1- Les enfants des classes aisées -une minorité- ne sont pas surreprésentés dans le groupe des diplômés. Ce sont plutôt ceux des autres classes - le plus grand nombre - qui constituent la majorité des diplômés. Les statistiques le prouvent
2- La réussite d'un étudiant normal à un examen ou à un concours n'est jamais le fait du hasard, mais le fait d'un travail qui augmente ses connaissances, améliore ses compétences et renforce ses aptitudes à la compétition.
3- Une sélection par tirage au sort, pourrait se faire au profit majoritaire des enfants de nantis ou inversement, comme c'est un mode de désignation aléatoire.
4- Un mode de selection qui ne tient pas compte des compétences des concernés, mais seulement du hasard, ne peut qu'être arbitraire et induire plus d'injustices qu'il n'en corrige.
Heureusement que ce n'est qu'une simple vue de l'esprit qu nei peut avoir un sens que dans un pays où la vie est un immense casino. Pas chez nous !
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