AMICALE DES ANCIENS DE L'ECOLE NORMALE WILLIAM PONTY

Je n’attendrai pas qu’on parte pour témoigner sur lui. Je lui souhaite une très longue vie et une parfaite santé. 

Il faut connaître l’homme pour mieux comprendre ses réalisations. 

« nit ku nek, la nga namp reck ngayy taxxam ti ku » dit l’adage. Son père est un enseignant, un grand marabout, moukhadam de Elhadj Malick représentant de Serigne Babacar Sy à Mbour. 

David a vécu dans les mêmes cases en paille que les talibés de son père. le Daara était attenant à la grande demeure du patriarche: un homme d’une grande ouverture d’esprit, un visionnaire. David est le reflet de ce paternel, un homme du peuple qui a toujours montré de la compassion, de l’humilité et s’est forgé un tempérament d’acier à côté des talibés dont il fait partie. 

Je me plaisais à venir passer mes vacances avec lui dans ces conditions que je découvrais. Il ne connait que l’intérêt général qu’il a porté à des niveaux difficilement égalable. Toutes ses actions sont teintées d’une haute spiritualité. Il ne fait jamais rien par intérêt. Il a toujours su s’effacer ou payer de personne au profit du groupe. Son arrestation de 76/77 et son incorporation dans l’armée à partir de fausses accusations, entraient dans le cadre de la lutte pour l’intérêt général, celui des étudiants de la faculté des sciences et de l’université de Dakar en général. 

Le maoïsme dont il se réclamait dans sa prime jeunesse, les idées nationalistes et africanistes qu’il partageait avec Sankara ou le pragmatisme du « filez et tissez» que lui inspirait Gandhi n’étaient rien d’autre que la manifestation de cette générosité, cet amour des masses dont l’ignorance et de la pauvreté étaient sa préoccupation quotidienne. 

David est un homme bien structuré, il n’est pas un calculateur. Il n’est pas riche il ne peut même pas l’être. Mais il a la grâce. Machalla ! 

Il n’a servi qu’en Casamance, plus de 30 ans, où il a eu plusieurs homonymes. Je passais souvent mes vacances auprès de lui à Ziguinchor.

Il était tellement aimé des populations qu’il ne pouvait pas quitter cette région de lui-même. Mieux, il bénéficiait de leur protection totale à tous points de vue. Il aurait pu avoir de vastes domaines au bord du fleuve, il aurait pu briguer le suffrage des populations et se faire élire député ou nommer ministre. Tout ce qu’il a fait était désintéressé. 

J’ai dû batailler ferme pour le déraciner et le ramener chez lui. Vous comprenez qu’on a des rapports particuliers, les mêmes que feu Bassirou Mbengue (que son âme repose en paix). 

Ponty a permis de nouer des relations très solides d’amitié et de fraternité empreintes de profond respect.

David ne nous a pas dit le rôle qu’il a joué dans la paix dans cette partie du pays. Il fait partie des rares personnes à pouvoir se promener librement partout. Il ne nous parlera pas des innombrables cas sociaux qu’il réglait au jour le jour: les hommes et les femmes qu’il a sauvées de la détresse, les enfants qu’il a tirés de la précarité, Il peut en faire tout un livre. Malheureusement, il n’est pas tonitruant, il marche à pas feutrés.

Pourtant, cette expérience multidimensionnelle d’éducateur, de meneur d’hommes, de chantre de la paix, mériterait d’être partagée davantage pour les générations présentes et futures.

Il n’est pas donné à tout le monde de pouvoir transformer de l’argile en or entre ses doigts. Ce don de Dieu, ce génie, cette patience, cette capacité de mobilisation, ce désintéressement, cette constance dans l’effort…sont des valeurs à partager et à promouvoir. 

Comme quoi, notre pays a encore hommes de valeur sur qui on peut compter; des leaders dans l’âme. Il suffit de les détecter et de les mettre au travail. Le Japon en avait fait son cheval de bataille pour son développement.

Que Dieu te protège et te garde encore longtemps. Tu es utile ! 

(*) Un camarade de promotion