A propos des incivilités des élèves en milieu scolaire - Par Oumar Diop Gonz *
Les actes d'incivilités des élèves ont toujours existé, tant dans le Public que dans le Privé. En attestent, dans les établissements scolaires, l'omniprésence du règlement intérieur et l'existence du Conseil de discipline. Ce dernier s'occupe des fautes lourdes des apprenants tandis que le premier rappelle les actes vertueux, les interdictions.
Autrefois les cas d'indiscipline étaient maintenus dans des limites raisonnables par les sanctions. Leur recrudescence actuelle, amplifiée par les médias, interpelle toute la communauté éducative et, par-delà elle, la société dans sa globalité.
Les causes de ces incivilités peuvent être multiples.
Pour notre part, nous mettrons particulièrement le curseur de la causalité sur l'établissement scolaire.
La Direction (Proviseur, Censeur, Principal) semble refuser d'appliquer le règlement aux élèves. Or l'une de leurs tâches, et non des moindres, c'est de faire respecter les règles.
Les Surveillants s'occupent, entres autres, de la discipline des élèves et du contrôle de la ponctualité des enseignants. Au lieu de cela, on observe de leur côté un certain laisser-aller, une certaine proximité avec les enfants . Bref des attitudes incompatibles avec le rôle qu'ils devraient jouer.
Les professeurs, par leur comportement, par leur habillement, incarnent de moins en moins cette figure d'autorité qui devrait être la leur. Comment le Professeur pourrait-il asseoir son autorité s'il cultive une familiarité de mauvais aloi avec ses élèves ?
Les conséquences de cette défaillance des personnes dépositaires de l'Autorité ( Direction, Surveillants, Professeurs) se manifestent par une indiscipline des élèves à tous les niveaux.
Nourris par les discours bellicistes de certains enseignants à savoir qu'ils faut exiger ses droits, par la force si nécessaire, les élèves imposent leurs diktats aux Proviseurs, aux Principaux, aux Censeurs.
Un exemple récent pour illustrer nos propos : au Lycée des Parcelles, le Gouvernement Scolaire a organisé ses manifestations en dehors de l'établissement faisant fi de l'opposition du Proviseur. Ce qui est un comble !
Constatant le laxisme des Surveillants, les apprenants, non contents d'enfreindre allègrement toutes les interdictions, en arrivent à tenir des propos plus que discourtois envers ceux-ci, conscients qu'ils sont de n'encourir aucune sanction.
Quant aux Professeurs, ils vivent avec les élèves le retour du bâton de leur comportement irresponsable : une difficulté à maintenir l'ordre dans leurs classes. Les potaches leur tiennent tête, leur jetant à la figure ce qu'ils prêchaient, c'est-à-dire la violence comme unique moyen d'imposer son point de vue.
Alors, que pourrait-on faire pour réduire ces incivilités des élèves?
La Direction devrait profiter de la traditionnelle réunion de rentrée pour rappeler aux professeurs la conduite à tenir avec les élèves (relever les absences, envoyer les fautifs à la Surveillance, adopter une attitude responsable en classe).
L'Administration aurait intérêt également à tenir une réunion avec les Surveillants pour un passage en revue du règlement des élèves, des sanctions à leur disposition et pour une mise en garde sur les inconvénients d'une grande familiarité avec les apprenants. Car les Surveillants ne doivent pas oublier qu'ils représentent l'Autorité.
Une ou deux semaines après la rentrée des classes, la Direction pourrait passer dans les salles pour insister sur certains points du règlement des élèves (retard, absence, absence à un devoir, tenue correcte, interdiction des portables, respect envers les professeurs et tout le personnel de l’établissement).
Après la composition du 1er semestre, vers la fin du mois de février, dans une réunion avec les délégués de classes, les surveillants, les professeurs encadreurs, le chef d'établissement aurait à préciser le fonctionnement du Gouvernement Scolaire, à expliquer les limites de l'initiative des élèves, à indiquer clairement qu'il est, en dernier ressort, le maître du jeu.
Avec les encadreurs, le Gouvernement Scolaire établira d'abord, son programme, le coût des manifestations, la recherche de ressources extérieures et ensuite il présentera le projet à la Direction qui peut l'entériner, l'amender, ou carrément annuler les manifestations. Pour dire que le Gouvernement Scolaire jouit bien d'une grande autonomie mais pas de l'indépendance totale.
Avec les élèves, il faudra, certes, user de pédagogie pour vulgariser le règlement et d'un peu de souplesse dans les sanctions mais, dans certaines circonstances, la fermeté doit être de rigueur. Surtout ne pas hésiter à recourir au Conseil de discipline. A l'école, par expérience, nous savons que la peur de la sanction est une arme vraiment dissuasive ! Xale xamul yalla, wayé xam na yaar !
Vous avez dû remarquer l'absence des parents d'élèves dans notre recherche de solutions. La raison en est double.
D'une part, beaucoup de Parents sont bien loin de blâmer les incivilités des enfants, ayant, peut-être, eux-mêmes, quelques comptes à régler avec l'institution qu'est l'Ecole. D'autre part, c'est le plus important, l'École possède, en elle-même, les ressources nécessaires pour juguler le mal : le règlement intérieur et son application.
C'est pourquoi l'intervention des Parents d'élèves ne nous paraît pas trop nécessaire.
En revanche, une intervention des médias serait la bienvenue. Par des campagnes bien ciblées, ils pourraient aider à réconcilier la société et l'école.
Face aux incivilités des élèves, les solutions que nous proposons, fondées uniquement sur les capacités managériales de la Direction, peuvent sembler simplistes à certains. Qu'ils se détrompent !
Nous avons vu cette démarche à l'œuvre. Avec succès. Dans de nombreux établissements privés !
C'est, donc, en connaissance de cause, que nous présentons ces pistes issues du Privé comme des expériences positives qu'on pourrait avantageusement adapter au Public. Tout cela, dans l'espoir de ramener la sérénité dans nos établissements scolaires. Notre souhait à tous !
(*) Oumar Diop Gonz est de la promotion 1970
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