En Afrique, nationalisme rime avec panafricanisme – Par Amadou FALL
L'image négative dont fait figure un certain nationalisme, celui des xénophobes, racistes et sectaires, est bien réelle. Elle nous est quotidiennement renvoyée, à travers des discours et des actes, par certains extrémistes africains qui ont leurs pareils en Europe et partout ailleurs dans le monde.
Dans leur immense majorité les Africains sont d'une autre trempe, eux que les frontières d'avant et d'après l'indépendance n'ont pu brider l'élan naturel au brassage et au vivre ensemble. Dans cette mouvance, il est bien possible d'être « nationaliste » et « panafricaniste», c'est-à-dire de défendre les intérêts de son pays et, dans le même temps, militer activement pour la coopération et l'unification du peuple africain global.
Le nationalisme et le panafricanisme, plutôt que d'être contradictoires, sont en fait deux idéologies complémentaires dont la conjugaison est, à mon sens, indispensable à l'unité et au progrès du continent.
Le nationalisme à prôner et mettre en œuvre n'est ni nombriliste ni étriqué. Il est éclairé, en ce sens que, tout en accordant un intérêt premier au développement national, il reconnaît l'importance de la coopération et de la solidarité entre les pays africaines. Ce type de nationalisme exclut la domination d'une nation par une autre, ou l'exclusion des ressortissants d'un pays par un autre. Et il appelle les Etats à travailler tous ensemble pour atteindre des objectifs communs.
Ce nationalisme éclairé s'accorde parfaitement avec un panafricanisme inclusif. Celui-ci ne cherche pas à imposer une identité unique, mais respecte la diversité des identités et cultures et nationales. Et au plan économique et social, il dit que le développement local est la condition sine qua non du développement global, d'une intégration africaine harmonieuse et réussie.
Chercher une contradiction entre nationalisme et panafricanisme équivaut à vouloir briser ou faire dévier la roue de notre histoire, sur sa trajectoire vers l'unité continentale. Il ne faut pas perdre de vue que le combat d'hier pour la libération de nos pays de la domination coloniale et l'unité africaine est le même que voudraient parachever les nouvelles générations. Il était et demeure nationaliste et du panafricaniste.
Ainsi, on est nationaliste, non pas contre d'autres africains, mais contre toute velléité de domination extérieure, quelle émane des anciens colonisateurs ou d'autres puissances. Comme par le passé, la conviction des nationalistes-panafricanistes d'aujourd'hui est ou doit être que la souveraineté de tous les pays africains, l’affirmation, la préservation et la valorisation de toutes les identités et cultures nationales sont essentielle pour créer les conditions d’une unité africaine reposant sur une collaboration et une coopération africaines fructueuses. C'est en étant tous nationalistes-panafricanistes que nous pourrons concrétiser notre ambition partagée de créer une Afrique unie, politiquement et économiquement capable de relever les défis communs auxquels elle est confrontée.
Encore une fois, c’est cette vision d'une Afrique unie, forte et prospère, unissant des nations indépendantes œuvrant pour leur développement, qui doit mobiliser les générations d'aujourd'hui. Faisons leur croire à une vérité : ils peuvent être nationalistes et panafricanistes, à bon escient !
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