AMICALE DES ANCIENS DE L'ECOLE NORMALE WILLIAM PONTY

Par Amadou FALL 

Des voix, assurément légitimes, s’élèvent pour le démantèlement des symboles de la colonisation, dont la statue de Faidherbe qui trône à Saint-Louis sur la place éponyme. On peut être daccord... 

Mais mon sentiment est qu’il ne faut rien déboulonner ou détruire. C’est une absurdité que de vouloir effacer l’histoire car elle est de fait indélébile et nous rattrapera toujours.
 
Pour reprendre Oscar Wilde : «Effacer le passé, on le peut toujours : c'est une affaire de regret, de désaveu, d'oubli. Mais on n'évite pas l'avenir. »

D’ailleurs, si l’on va au bout de cette logique négationniste, que restera-t-il de notre patrimoine bâti, sachant que nos édifices publics voire privés sont, en grande partie, un legs colonial ? Faut-il il dès lors raser tout cela, parce que nous ne voulons plus que ces monuments et bâtisses nous rappellent les sombres pages de l’histoire coloniale ?

Il conviendrait plutôt de les laisser tels quels, mais en apposant au bas des stèles des statues, sous les noms de rues à la mémoire de tel ou tel décideur ou acteur colonial et sur les murs des édifices résiduels et témoins de ce passé révoltant, des plaques qui  explicitent aux générations présentes et à venir, ce que la colonisation a été et ce que le colonisateur et les colons furent et firent, réellement.

Ainsi, ils n’auront plus la possibilité de hanter la mémoire collective en héros ou modèles qu’ils ne peuvent point être. Ils ne seront plus dans nos esprits plus éveillés que les racistes, génocidaires, criminels, spoliateurs, qu’ils ont toujours été, dans leur immense majorité.

Le maintien de leur présence symbolique, dans le quotidien de nos villes, nous rappellera à chaque instant, l’iniquité de leurs pouvoir, politiques et actions, la gloire de nos aïeux et de nos pères qui ont lutté contre eux pour la souveraineté, mais également et surtout pour la dignité du Sénégalais et de la race nègre.

Nous avons été vaincus et dominés. Nous avons résisté et nous nous sommes libérés.  Nous devons  poursuivre le combat pour l’émancipation et le développement, en ne faisant point table rase de tout ce qui fut sombre dans notre histoire.

Certains symboles restent indispensables. Ils doivent demeurer comme des phares indiquant les mauvaises passes à éviter, ces voies de l’aliénatio qui mènent aux pires desseins, à éviter pour construire le futur.