La plus secrète mémoire des hommes de Mohamed Mbougar Sarr : une quête vers le néant - Par Oumar DIOP GONZ
Dans son ouvrage La plus secrète mémoire des hommes, prix Goncourt 2021, Mohamed Mbougar Sarr nous embarque dans une aventure fantastique qui nous tient en haleine du début à la fin des 421 pages de ce roman riche et dense.
Dans ce livre somptueux, Mbougar nous convie à un grand voyage, à une longue quête, à la recherche d'un écrivain Elimane, l'auteur mythique de labyrinthe de l'inhumain, au destin littéraire tragique.
Un voyage dans le temps, dans l'espace, dans le monde mystique, des personnages d'une grande épaisseur psychologique. Avec comme fil conducteur un certain Elimane, Madag Diouf à l'etat-civil.
Une enquête digne des plus grands polars, enquête menée non pas par l'Inspecteur Columbo mais par un jeune écrivain Diegane Latyr Diouf dont la Critique littéraire dit déjà beaucoup de bien.
Paris, la France des deux Grandes guerres, l'Occupation, Amsterdam, l'Argentine, le terroir Sérère, voilà pour le cadre spatio-temporel d'activité du héros Elimane.
Charles, Thérèse, Siga D., une haïtienne, Mossane, les jumeaux Koumakh, un officier nazi, autant de protagonistes pour mieux cerner cet écrivain mystérieux qu'est Elimane.
Le monde mystique s'invite dans cette enquête à travers certaines croyances sèrères, comme le don de voyance, le voyage de l'esprit hors de l'enveloppe corporelle, le pouvoir d'agir à distance, la capacité de se transformer en animal pour régler des comptes. Un bagage mystique dont aurait hérité Elimane Madag Diouf.
Autant l'histoire accroche, autant le lecteur est captivé par les réflexions de l'enquêteur en chef Diegane sur le métier d'écrivain, sur la Critique littéraire, sur la sincérité de l'engagement en amour, en politique, sur le rôle des intellectuels dans la lutte pour les changements sociétaux.
Quelle maestria ! Dans la langue, dans l'intrigue !
Chapeau bas, donc, à Mohamed Mbougar Sarr. Avec La plus sécrète mémoire des hommes, Mbougar a frappé un grand coup. Un Goncourt bien mérité.
Article publié dans "La Gazette" n°415 du 25 novembre 2021 sous la signature d'Oumar Diop, Professeur de Sciences physiques à la retraite.
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