Les pontins : une élite intellectuelle contestataire

Le malaise des sortants de Ponty exprime les contradictions internes du système colonial. Il fallait former une jeunesse capable d’entrer dans une mouvance de modernité (culturelle, sociale, morale…) propice au projet colonial. Et en même temps, on voulait maintenir ces populations dans un indigénat professionnel, juridique et politique.

Syndicalisme et nationalisme

En 1937 des anciens de William Ponty constituèrent à Dakar une association dont les premiers animateurs ont été Ouezzin COULIBALY et Mamadou KONATE Le début des années 1940, a été marqué en AOF par une multiplication des revendications des fonctionnaires. Si cette agitation ne partait pas de l’école elle y faisait écho

En 1939, les pontins avaient saisi le ministre des colonies Mandel pour lui faire part de leur souhait d’être recrutés avec les meilleurs statuts professionnels. C’est à l’occasion d’un voyage en délégation sportive à Paris, en présence du député Galandou DIOUF. C’est dans ce contexte que fut prise l’initiative de former une association, au sein de l’ENWP. Cette structure regroupant des originaires de toutes les colonies prit de l’ampleur et fut soumise à l’étroite surveillance du Directeur BEART.

Le début des années 1940 a été marqué en AOF par une multiplication de revendications des fonctionnaires. Si cette agitation ne partait pas de l’école, elle y faisait écho.

Le 08 mars 1941, le gouverneur de la circonscription de Dakar prenait un arrêté autorisant à Ponty le fonctionnement d’un « cercle amical William Ponty ». Avec cette autorisation, les élèves s’étaient progressivement affranchis des limites de leurs statuts. En fait, ils avaient de l’association un organisme de défense de leurs intérêts communs.

En 1943 l’Association des anciens de William Ponty fut reconnu officiellement et parmi ses membres on peut citer Babacar NDIAYE, (Président), CISSE Ndiarmew, Papa Gueye FALL, Doudou GUEYE, Fara SOW et Abdoulaye SADJI.

Majmout DIOP

Dr Félix MOUMIER

LES DERNIERES GENERATIONS DE PONTINS

Avec le recul, la longue liste des intellectuels de renom, des grands cadres dans tous les domaines ou des hommes politiques de premier plan qui y effectuèrent leur scolarité, accroît encore la satisfaction d'avoir été formé dans cette « pépinière » d'exception une formule qui a fait flores.

Les générations des années 196O-1980 ont bénéficié d’une plus grande ouverture vers l’Université et vers les classes préparatoires des Grandes Ecoles. Des cadres de très haut niveau ont été formés dans différents domaines.

Des universitaires ;

Amadou Tidiane BA, Mamoussé DIAGNE, Papa Baidaly Sow,WANE Sada SOCK Oumar,Boubacar Keita, Abdoulaye DIOP, Abdoulaye GUIRO

Des ingénieurs

Mbaye Diop SARR, Moussa SENE (ENSAE) Abdoulaye DIAW (IFP), Djibril THIOGANE, Babacar GUEYE (Supélec), Ousmane NDIAYE (Mines)

L’ENWP a été la plus grande école du gouvernement général de l’AOF, en termes de niveau d’étude et par rapport à la dimension intégrale de sa formation. D’une manière, l’école normale a formé une élite. C’est pourquoi ses effectifs constituaient toujours une minorité. Mais à partir de son installation à Sébikotane, on notait un grand changement par rapport à l’augmentation des effectifs. De 220 élèves en 1937/38 (chiffres jamais atteint dans les locaux de Gorée), l’effectif passait à 294 pontins l’année suivante. Cette augmentation était progressive. D’après certaines sources, il y avait 2409 sortants de Ponty, en 1949 (dont 1202 enseignants, 450 commis d’administration et 757 élèves-médecins). Grâce à cet établissement, le niveau du personnel africain d’encadrement fut nettement amélioré et cette élite a joué un rôle fondamental dans l’émancipation des populations de l’Afrique occidentale et centrale francophone.