Saint-Louis (1903-1913) : là où tout a commencé…
Conformément aux réformes de l’Enseignement intervenues suite à l’arrêté n° 806 du 24 novembre 1903 signé par le Gouverneur Général Roume créant et fixant l’organisation homogène de l’enseignement en AOF, une école normale est officiellement créée à Saint-Louis en novembre de cette année. C’est là où tout a commencé. L’établissement fonctionne d’abord en tant que section de l’Ecole des fils de chefs et des interprètes, dans le quartier de Sor, donc en dehors de l’île, une localisation qui nuit à son succès.
En 1903 l’Ecole Normale comptait deux divisions :
L’une préparait aux fonctions d’instituteurs dans les écoles indigènes d’AOF,
L’autre se composait de trois sections qui devaient fournir à l’administration des interprètes, des cadres et des chefs.
En 1907, la section des instituteurs est séparée de celle des interprètes et installée rue Porquet, sur l’île, dans les locaux mieux adaptés de l’ancienne École Faidherbe.
Dès le début et jusqu’à la fin de la période coloniale, l’accès à l’école se fait par concours. Le certificat d’études, d’abord exigé, ne l’est plus à partir de 1904. La difficulté du concours varie selon les années : 30 candidats sur 50 sont admis en 1905, 35 sur 66 en 1910, 10 sur 54 en 1912. Ainsi l’institution végéta pendant de longues années à Saint-Louis, avec des effectifs annuels ne dépassant pas trente éléments.
Ces chiffres indicatifs ne reflètent pas la sélectivité du concours, car seuls les meilleurs y sont présentés. Un grand prestige est donc attaché à sa réussite. Les élèves sont externes, généralement boursiers. A l’exception d’un certificat d’aptitude à l’enseignement, les sortants ne reçoivent pas de véritable diplôme reconnu en dehors de ce contexte.
En principe, la durée de la formation était de trois ans. Mais, en raison d’énormes difficultés matérielles et des besoins urgents en personnel enseignant, les premières promotions furent formées seulement en deux ans.
Les premières années les élèves sont presque tous Sénégalais. Par la suite, le nombre d’élève crut de manière significative et l’établissement se trouve bientôt à l’étroit. Plusieurs solutions sont alors envisagées, mais aucune n’aboutit.
À sa création, l’école était placée sous l’autorité du gouverneur général et de l’inspecteur de l’enseignement en AOF. En 1907 elle est mise sous l’autorité directe du gouvernement du Sénégal. En 1912, à la suite d’un conflit, elle revient à nouveau au gouvernement général de l’AOF.
C’est dans cette mouvance et pour conférer plus d’envergure à l’établissement, qu’un arrêté du Gouvernement général daté du 25 octobre 1912 élargit sa base de recrutement à toute l’Afrique Occidentale Française et décida de son transfert à Gorée. Ainsi, elle accédait à son vrai caractère fédéral et prenait le nom de l’Ecole Normale d’Instituteurs de l’AOF.
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TEMOIGNAGE DE FILY DABO CISSOKO SUR LA PROMOTION 1911
Dans son livre « La savane rouge », au passage intitulé : « Le coup d’Agadir », Fily Dabo Cissoko évoque la promotion 1911 de l’Ecole Normale des Instituteurs de Saint-Louis.
« Notre promotion, au départ, comptait 27 élèves-maîtres. Bientôt s’établit entre nous, une émulation très vive, parfois même excessive qui se maintient trois années durant. Si bien que d’un trimestre à l’autre, nul n’était sur de conserver son rang.
"Les allemands seront battus à plate couture." nous écrivaient nos camarades de promotion de Douai. De notre côté, plein d’ardeur et de patriotisme, nous étions prêts à verser notre sang pour la mère patrie.
Je ne sais si l’élan qui avait alors secoué notre jeunesse subsiste encore.
Hélas ! il semble que les temps ont changé.
L’idéal qui nous animait a sombré au fond des catacombes, et nous assistons à la souillure des étendards, à l’éclosion des fantasmes « dirigés » vers le règne des robots. Et le drame de notre vie, c’est d’avoir à le constater.
Le cataclysme redouté déferla sur le monde trois années plus tard.
Des nôtres, beaucoup partirons comme ils l’avaient promis. Ousmane Soumaré de Saint-Louis, notre major à l’entrée, termina comme officier de complément avec le grade de Capitaine. Fily Coulibaly poussa jusqu’à Mayence, en Rhénanie. Amadou Gueye Yaguemar, Aminou Laye Guèye et d’autres tomberont les uns sur le Somme, les autres aux Dardanelles.
Tous firent honneur à leur sang, au nom qu’ils portaient. »
PROMOTION 1904
- FALL Victor dit Lang
- Ibrahima NDAO
- Boubacar DIODDIO
- Ibrahima NDIAYE Fara
- Hun Karim Louis
- Adama LO
- Ndéné DIANG
- DA SILVA Rodrigue
- Amadou KANE
- Mont Louis Joseph
- Roboth Constant
- Nobre Séverin
- Mayoro FALL
- Abdoulaye WADE
PROMOTION 1907
- Diguy KANTE Ségou
- Durand DURANTON Thiès
- Jean Jules DE MEIDEROS Porto Novo
- Daouda SECK SL
- Mambaye NDIAYE SL
- Alioune NDOYE SL
- Bouilagui FOFANA Ségou
- Paul AZINNE Porto Novo
- Samba MBODJ SL
- Ousmane NDIAYE Alexandre SL
- Mbarba GUEYE SL
- Birahim NDIAYE SL
- Jean Gabriel BAUDIN Thies
- Amadou FALL SL
- Madieye SALL SL
- Augustin NICOLAS Porto Novo
- PARAISO Alphonse Porto Novo
PROMOTION 1911
- Ousmane SOUMARE SEN
- Mamadou THIAM SEN
- Pierre HUCHARD SEN
- Babacar NDIAYE SEN
- Kolébaly FOFANA GUI
- Assane BOLLY HSN
- Momadou TAYE SEN
- Amadou GUEYE SEN
- Amadou TAYE SEN
- Badara SARR SEN
- Aguibou DIALLO
- Ahmadou TRAORE HSN
- Molo COULIBALY SEN
- Fily COULIBALY HSN
- Fily SISSOKHO HSN
- Balla SOW SEN
- Kécouta SISSOKHO HSN
- Valy DIAGNE SEN
- Lahbibi NIANG SEN
- Nahum Victor JANVIER DAH
- Aminoulaye GUEYE SEN
- Abdoulaye DIARA HSN
- Alioune MBAYE SEN
- Mohamed Amadou DIENG SEN
- Amar BA SEN
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